Réimpression de sacs en kraft pour la boutique éphémère l'effet mains, rue des Carmes, à Orléans, ou j'aurai un stand du 07 Mai au 29 Juin, avec et où je ferai quelques permanences. Je suis enfin passé à une encre noire à base aqueuse (nettoyage et dilution à l'eau), beaucoup plus saine pour ma santé, celle de la famille et l'environnement !
mercredi 30 avril 2014
mardi 29 avril 2014
ATELIER BD MAISON D'ARRET :PLANCHES
Et pour finir, voici les planches réalisés par les trois détenues du quartier femme de la MAO, sous ma "direction". Durée : 20 heures, réparties sur 4 jours.
lundi 28 avril 2014
ATELIER BD MAISON D'ARRET : TRAVAUX
Voici les exercices de narration que je vais régulièrement faire, en début de séance, après avoir expliqué comment je bosse, et comment on réalise une bd. J'ai l'habitude de me servir de PIT, pour des exercices d'initiation. Pas besoin de savoir dessiner (ça les décomplexe). Juste un peu d'imagination, travailler autour de l'ellipse (l'intervalle entre les cases), apprendre à tracer des lignes pour écrire droit, écrire en majuscule, et revoir un peu l'orthographe. J'aime les voir s'emparer de mon personnage, et se l'approprier, et je suis toujours étonné par ce qu'ils en font. Voici 3 strips que j'ai fais proposé aux 3 détenues que j'avais en atelier à la MAO, et que j'ai mis en page côté à côté, pour voir qu'à partir des mêmes dessins, et des mêmes situations, on peut aboutir à des trucs totalement différents, suivant la sensibilité des uns et des autres.
dimanche 27 avril 2014
ATELIER BD MAISON D'ARRET : JOUR 4
Durant les séances de travail, S. se plaint beaucoup de sa co-détenue. Voleuse de bouffe, de clope, de fringue (kleptomane?), menteuse, manipulatrice, difficile pour la jeune femme de 21 ans d'être sereine, et de bien préparer sa défense. Difficile de dormir aussi, car l'autre, qui ne sort jamais de sa cellule, ne"prête" pas la télécommande de la télé, et regarde des navets de la télé. Aujourd'hui, l'autre lui a volé un petit haut de marque, et prétend le contraire, une fois de plus. L'autre S, la plus âgée des 3 femmes présentes à mon atelier, a déjà vécu ça (elle a partagé sa cellule avec cette fille), et lui prodigue des conseils, comme le ferait une mère à l'un de ses enfants. Il faut donc écrire un mot au surveillant chef pour "porter plainte", en espérant que la voleuse n'aura pas eu le temps de sortir le dit vêtement, lors d'un parloir. S. me demande une feuille et commence sa lettre. Toutes les lignes partent vers le bas. En nous lisant sa lettre à haute voix, on ne comprend rien. Mal formulée, maladroite, C. la troisième femme de l'atelier se propose immédiatement de lui écrire un modèle. Belle solidarité féminine.
S. est tellement déboussolée, et émotivement fragile, qu'elle dort avec plusieurs épaisseurs, histoire d'être sûre que l'autre ne lui vole rien (même des soutifs) pendant son sommeil. Elle a également peur de la confrontation, verbale, voire physique. La seule solution qui s'offre à elle, est donc de demander à être transférée dans une autre cellule, avec une autre détenue. En espérant ne pas revivre le même cauchemar. mais pour ça, il faut qu'il y ait une place libre, ou une cellule vide. Et puis S. fume. Du coup, elle ne peut pas être mise en cellule avec une non-fumeuse, ou avec une femme enceinte. Là encore, les 2 autres lui conseillent une autre fille, avec qui elle aura la paix. Fragile, S. a des préjugés sur sa future co-détenue, qu'elle trouve "bizarre" (déficiente mentale ?). Les 2 autres, arrivées avant elle, lui assurent qu'elle aura la paix avec cette fille. En plus, avec elle, elle pourra écouter de la musique, le truc qui lui manque le plus, en cellule, avec son jeune fils (14 mois), bien sûr.
Tous ces problèmes seront -ils plus faciles à résoudre, dans le prochain centre de détention, celui qui va ouvrir ses portes en Juillet, et se remplir jusqu'en Septembre, vidant Orléans qui va fermer définitivement ses portes ? La maison d'arrêt d'Orléans (la MAO) datait de 1903, avec 200 détenus pour une capacité de 100, soit 2 à 3 détenus par cellule de 9m2, là où la loi prévoit un détenu par cellule.
Ce nouveau super complexe, sera capable d'accueillir les détenus venant de Chartres, soit 750 places officielles (dont 30 pour les femmes). Chaque détenue y bénéficiera d’une cellule individuelle de « 10,5 m² ». Dedans : un lit métallique scellé au sol, des casiers en bois de rangement et un cabinet de toilettes où sont condensés wc, douche et lavabo. Ce complexe sera composé de deux maisons d’arrêts pour les prévenus en attente de jugement définitif, un centre de détention pour les condamnés, un quartier d’accueil pour les arrivants, un quartier de semi-liberté et une maison d’arrêt réservée aux femmes. A noter que les habitants de Saran ne voulait pas de cette prison. Consultés en 2007, ils avaient dit "non" à 91,47 % !
Ce sont les habitants d'Orléans qui doivent être contents ! J'anime des ateliers depuis 3 ans, et je peux vous garantir qu'entendre beugler les détenus d'une cellule à l'autre, par la fenêtre, ou parler à un ami, un cousin, à l'extérieur du mur d'enceinte, toujours par la fenêtre, n'est pas de tout repos, pour ceux qui habitent autour. Et ce, jour et nuit. Les femmes sont beaucoup plus calmes. La raison ? beaucoup moins nombreuses, un surveillant pourrait très rapidement et facilement repérer la fauteuse de trouble, entrer dans la cellule et lui coller un rapport, ou l'envoyer au trou. Alors que du côté du quartier homme, étant beaucoup plus nombreux, ça fait plus de cellules et de couloirs à parcourir. Et les surveillants ont bien assez à faire. Ceci dit, c'est un différence de traitement qui n'est pas normale à mes yeux, mais bon...
De mon côté, j'ai appris que le stage du mois de Mai au quartier homme, est bel et bien annulé. Chiotte !
samedi 26 avril 2014
ATELIER BD EN MAISON D'ARRET : JOUR 3
Rencontre intéressante avec un sculpteur, jeudi midi, en sortant de la maison d'arrêt d'Orléans. Il a 60 ans, et il anime des ateliers sculpture dans environ 50 établissements. C'est un ancien éducateur spécialisé. A une époque, il faisait des compte rendus écrits sur les détenus qui participaient à ses ateliers. Non pas pour les fliquer, mais pour remonter leur comportement en cours, remarques qui ont déjà eu des répercussions positives sur des décisions de juge. Il n'est pas psychologue, mais à force de faire faire des stages depuis 30 ans, il a une certaine expérience, et des points de comparaison entre les établissements, les surveillants, les détenus, les directeurs ... Moi qui n'en suis qu'à ma troisième année d'ateliers bd, je me sens néanmoins des points communs avec lui. Les responsables des ateliers changeant tout le temps (contrats de 6 mois), à qui pouvons-nous nous "plaindre", ou faire nos remarques sur la façon dont ça se passe certaines fois. Il m'arrive en effet d'avoir des gens complètement inaptes à mes ateliers. Qui les sélectionne ? et sur quels critères ?
Pleins d'activités sont proposées à l'année aux détenus. C'est eux qui s'inscrivent. Mais beaucoup croient qu'en s'inscrivant, et sans y participer, ou en ne venant qu'une fois, ils vont cumuler des points pour sortir plus tôt. En effet, ces ateliers, quand ils sont suivi tout la semaine, rentrent en ligne de compte sur une sortie anticipée. Organisés par le SPIP service de probation et d'insertion professionnelle. "Insertion", le mot est lâché. Et pour mon collègue sculpteur, il y a longtemps que les SPIP ne font plus leur travail. Il a parfois l'impression qu'on est juste bons à les occuper. Alors qu'en participant à ces ateliers, les détenus sont censés y "apprendre" des règles de vie : horaires (matinaux dans le cas des siens puisqu'ils commence à 7h15), assiduité (matin et après-midi), compréhension des consignes, respect du matériel (ne pas casser ses blocs de pierre), respect de l'intervenant (pas de tutoiement)... Or certains ateliers ne sont pas faits pour tous. Je me rappelle l'année dernière, où le lundi matin, je m'étais retrouvé avec un seul détenu (sur une liste de 18 participants et 18 suppléants), un Polonais qui avait 71 ans, qui n'avait jamais ouvert une bd de sa vie, et qui comprenait à peine ce que je disais. Pourquoi était-il sur ma liste ? pourquoi, le gradé qui avait signé la liste proposée par le SPIP sur volontariat, n'avait-il pas enlevé l'homme en question charmant au demeurant. Entre les détenus qui s'inscrivent mais qui ne viennent pas pour diverses raisons (sorti de détention, au travail, refus, pas levé, en promenade, à la douche, au sport, au parloir ...), les surveillants qui en ont certains dans le collimateur, et qui ne vont même pas les chercher en cellule quand c'est l'heure, et les détenus qui viennent mais ne restent pas car incapable de comprendre ce que je leur demande, je me sens parfois complètement démuni, seul. Or je suis payé pour être là. Et certaines fois, je trouve que c'est presque de l'argent gâché, l'argent de l'Etat, donc du contribuable.
Le sculpteur me rejoint là-dessus. Il est très critique sur certains comportements, certaines dérives. L'idée d'insertion le fait doucement rigoler, l'énerve ou l'écoeure. Certains artistes demandent 70 euros de l'heure. D'autres fois, on fait venir un type de l'autre bout de la France, quelqu'un de connu, qui va rester 3 jours et demander 5000 euros. Gaspillage! Et on dit qu'il n'y a plus de sous ? Il est surtout mal utilisé. Sa parade à lui, à l'heure où on apprend que les budgets sont revus à la baisse partout, pour lui comme pour moi : ne pas être trop gourmand en tarif horaire, et se rattraper sur le poste fourniture (il faut dire qu'il utilise des blocs de calcaire). Du coup, si on lui réduit ses heures, il perd moins d'argent. L'idée d'amener un mec avec une guitare, qui va faire 2 heures de balance, et jouer une demie-heure le fait ricaner. C'est du divertissement. Je sens là un peu d'amertume, et d'aigreur, mais pas de la jalousie. Il trouve très bien le fait de faire de la bd aux détenus.
Il parle beaucoup, passe d'un sujet à l'autre, me cite pleins d'anecdotes sur ces expériences passées : ici un détenu qu'il a eu 3 fois en atelier sculpture et qui cassait à chaque fois la pièce d'un copain (maladresse ? malveillance ? perversion ?), là un détenu psychotique avec pleins de problèmes, qui fait lime très, très lentement, mais qui sera là du début à la fin de semaine, un autre qui va très bien s'entendre avec lui, et réussir à se réinsérer à sa sortie, non grâce à lui, mais parce que dans son rapport il a souligné le fait que ce type en échec complet ne réussirait que grâce à la relation qu'il nourrirait avec son éducateur, prof ....
Il a aussi l'impression que de plus en plus il faut faire de la discipline (être derrière les gars, leur interdire de fumer pendant l'atelier...), et que chez certains il faut tout réapprendre (-"ça c'est vertical" "non, ça c'est debout, Monsieur"). Mais on n'est pas là pour ça, nous deux ...
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jeudi 24 avril 2014
ATELIER BD EN MAISON D'ARRET JOUR 2
Mardi matin, on me prévient que S. veut me voir en personne pour s'excuser de ne pas finir l'atelier. La jeune femme qui était en Anglais la veille après-midi a d'autres activités déjà prévues cette semaine (à nouveau Anglais Jeudi, et informatique Vendredi), du coup elle estime qu'elle ne pourra suivre l'atelier correctement. Je la remercie d'être venue en personne me le dire, y voyant une certaine forme de respect à mon égard, et d'éducation.
On m'apporte peu de temps après un mot d'excuse (ci-dessous), écrit par J. une des jeunes femmes qui n'était pas revenu la veille. Un mot très touchant. Comme quoi en maison d'arrêt, et quels que soient les faits qui leur sont reproché (elles sont toutes en attentes de jugement), on trouve des gens" bien".
Une nouvelle détenue rejoint l'atelier BD. Elles sont donc trois, maintenant. Il faut répéter ce que j'ai dit la veille, en essayant d'aller un peu plus vite, car elle a un jour de retard sur les 2 autres, du coup. Ca fait parti du charme des ateliers en maison d'arrêt. Je commence à m'y faire, et à m'y résoudre, d'année après année !...
En revenant en début d'après-midi, j'apprends par la directrice du SPIP croisée par hasard, que le livre que l'on fait imprimer chaque année ne verra pas le jour. En effet, elle vient elle-même d'apprendre que son budget de l'année est emputé de 40 %. Elle est déprimée, et désolé de m'annoncer que je ne suis pas sûr de faire mon atelier BD (20 heures) au quartier homme, en Mai, comme c'était prévu. Elle doit me tenir au courant de sa décision d'ici la fin de semaine...
Je croise les doigts, car mine de rien, tous ces ateliers et stages BD (130 heures cette année) font dorénavant partie de mes "revenus" annuels, et une semaine en moins, ça laisse des traces.
mardi 22 avril 2014
ATELIER BD EN MAISON D'ARRET
J'ai démarré ce matin un nouvel atelier BD à la maison d'arrêt d'Orléans. Pour la troisième année consécutive. 20 heures, réparties sur 4 jours, au quartier femme. Cinq détenues étaient présentes ce matin. Après présentation du déroulé des étapes de réalisation d'une bd avec éléments personnels, je les ai lancé sur des strips, exercice de narration que j'aime faire faire à mes "élèves". En me servant de Pit, le héros de mes strips à moi, les détenues deviennent dialoguistes. Et encore une fois, force est de constater que j'obtiens toujours des trucs très différents. Elles ont rapidement pigé le truc. Matinée plaisante donc, pour moi.
Cette après-midi, je devais les lancer sur les synopsis et scénario. Avec la coupure du repas de midi, ça leur permet d'y réfléchir un peu, et d'éviter de se retrouver devant la fameuse "page blanche". Une des élèves avait cours d'Anglais, et ne pouvait être à nouveau parmi nous. Bon, c'est le jeu. Beaucoup de cours ont lieu en Maison d'Arrêt (informatique, Français ...).
Et 2 autres élèves avaient décidé, sans que je ne m'y attendent, de ne pas revenir. Rectification, elles avaient préféré prendre l'air, c'est à dire aller en promenade. Or les allées et venues sont très encadrées à la MAO, du coup, la gardien chef a décidé de ne pas les reprendre pour demain. La devise des ateliers en maison d'arrêt, c'est que quand on commence, on va jusqu'au bout. Donc exit les 2 jeunes femmes. Tant pis pour elle, comme ont dit leurs 2 collègues revenues à 14h. Pour une fois qu'il y a une activité, autant le faire !
Il ne m'en restait que deux, donc. Cette année, l'atelier BD est organisé conjointement avec le FRAC, le Fond Régional d'Art Contemporain. Du coup, une exposition a lieu en ce moment à la maison d'arrêt, aux quartier femme et homme (où j'interviendrai en Mai également). Du coup, cet après-midi, un intervenant du FRAC est passé nous amener un gros catalogue photocopié en format A3, avec pleins de villes futuristes inventées par des architectes des années "50" et "60", de quoi nourrir leur imagination. Ironie du sort, quand les détenues sortent de leurs cellules, c'est pour aller soit en atelier, à l'infirmerie, à la bibliothèque, en sport ou en promenade. Du coup, elles n'ont pas le temps de s'arrêter pour contempler les dessins exposés dans les couloirs du RDC. Gilles, le gars du FRAC, restera tout l'après-midi avec nous, car ici, on ne sort pas quand on le veut, même en tant que visiteur, on ne plaisante pas avec la sécurité.
Autre exemple. Ce matin, en entrant à la MAO, j'ai sonné au portique de sécurité, pendant que mon sac et les fournitures de l'atelier étaient passées aux rayon x, comme dans les aéroports. Les gars qui étaient là n'ont rien dit. Cette après-midi, re-belote. Mais cette fois, le gardien avec gilet pare-balle m'a fait la morale : quand ça sonne, on repasse en dessous. Du coup je repasse en-dessous. Et je re-sonne. Je pense à mes pompes avec leurs attaches métalliques pour les lacets. Lui me dit que ça vient plutôt de la taille. Il me demande si je porte une ceinture. Je relève mon pull : merde, j'avais oublié ce détail. Me voilà en train d'enlever ma ceinture. Je repasse en dessous. Et je sonne encore. Putain ! Il me demande si j'ai rien oublié dans mes poches. Je fouille. Rien. Et là je pense à mes pure fuckin' badges, sur mon blouson. Je l'enlève, et le fais passer avec ma ceinture sous le portique vidéo à rayon x. Et je repasse sous le grand portique. Silence. Ouf !