Vu hier soir en DVD, ce très bon polar argentin de Fabian Bielinski, dont j'avais beaucoup aimé le premier film, "Les 9 reines" (2002), un polar déjà, un film d'arnaque autour de timbres de valeur, grand prix du film policier de Cognac en son temps. "El aura" (2005) est plus maitrisé, moins tape à l'oeil. Un film noir, avec une beauté formelle évidente, tout en clair obscur, un sens du cadre, un héros taiseux, dont on ne sait pas grand chose, sujet à des crises d'éplilepsie (d'où le titre), taxidermiste qui a un sens de l'observation inné, et qui aime imaginer des plans de hold-up dans les moindres détail, un accident de chasse totalement inatendu, une occasion trop belle pour être vraie, un décor très présent et très bien filmé (la forêt), et des acteurs peu connus, mais terriblement justes, vrais. Le scénario original nous étonne à chaque scène, qu'on a pourtant déjà ailleurs, mais auxquelles le réalisateur apporte sa touche personnelle, renouvelant le genre par la même occasion. Le film est lent, a son rythme propre, et prend le temps d'installer ses personnages, et ça, c'est la marque des bons films.
Une petite recherche sur Google m'a appris que le réalisateur est décédé en 2006, à l'âge de 47 ans, pendant le tournage de son 3e film. Le cinéma argentin, et le 7ème art en général, ont perdu quelqu'un ce jour-là (El aura avait remporté 7 "condor del plata", l'équivalent des césars).