J'ai démarré ce matin un nouvel atelier BD à la maison d'arrêt d'Orléans. Pour la troisième année consécutive. 20 heures, réparties sur 4 jours, au quartier femme. Cinq détenues étaient présentes ce matin. Après présentation du déroulé des étapes de réalisation d'une bd avec éléments personnels, je les ai lancé sur des strips, exercice de narration que j'aime faire faire à mes "élèves". En me servant de Pit, le héros de mes strips à moi, les détenues deviennent dialoguistes. Et encore une fois, force est de constater que j'obtiens toujours des trucs très différents. Elles ont rapidement pigé le truc. Matinée plaisante donc, pour moi.
Cette après-midi, je devais les lancer sur les synopsis et scénario. Avec la coupure du repas de midi, ça leur permet d'y réfléchir un peu, et d'éviter de se retrouver devant la fameuse "page blanche". Une des élèves avait cours d'Anglais, et ne pouvait être à nouveau parmi nous. Bon, c'est le jeu. Beaucoup de cours ont lieu en Maison d'Arrêt (informatique, Français ...).
Et 2 autres élèves avaient décidé, sans que je ne m'y attendent, de ne pas revenir. Rectification, elles avaient préféré prendre l'air, c'est à dire aller en promenade. Or les allées et venues sont très encadrées à la MAO, du coup, la gardien chef a décidé de ne pas les reprendre pour demain. La devise des ateliers en maison d'arrêt, c'est que quand on commence, on va jusqu'au bout. Donc exit les 2 jeunes femmes. Tant pis pour elle, comme ont dit leurs 2 collègues revenues à 14h. Pour une fois qu'il y a une activité, autant le faire !
Il ne m'en restait que deux, donc. Cette année, l'atelier BD est organisé conjointement avec le FRAC, le Fond Régional d'Art Contemporain. Du coup, une exposition a lieu en ce moment à la maison d'arrêt, aux quartier femme et homme (où j'interviendrai en Mai également). Du coup, cet après-midi, un intervenant du FRAC est passé nous amener un gros catalogue photocopié en format A3, avec pleins de villes futuristes inventées par des architectes des années "50" et "60", de quoi nourrir leur imagination. Ironie du sort, quand les détenues sortent de leurs cellules, c'est pour aller soit en atelier, à l'infirmerie, à la bibliothèque, en sport ou en promenade. Du coup, elles n'ont pas le temps de s'arrêter pour contempler les dessins exposés dans les couloirs du RDC. Gilles, le gars du FRAC, restera tout l'après-midi avec nous, car ici, on ne sort pas quand on le veut, même en tant que visiteur, on ne plaisante pas avec la sécurité.
Autre exemple. Ce matin, en entrant à la MAO, j'ai sonné au portique de sécurité, pendant que mon sac et les fournitures de l'atelier étaient passées aux rayon x, comme dans les aéroports. Les gars qui étaient là n'ont rien dit. Cette après-midi, re-belote. Mais cette fois, le gardien avec gilet pare-balle m'a fait la morale : quand ça sonne, on repasse en dessous. Du coup je repasse en-dessous. Et je re-sonne. Je pense à mes pompes avec leurs attaches métalliques pour les lacets. Lui me dit que ça vient plutôt de la taille. Il me demande si je porte une ceinture. Je relève mon pull : merde, j'avais oublié ce détail. Me voilà en train d'enlever ma ceinture. Je repasse en dessous. Et je sonne encore. Putain ! Il me demande si j'ai rien oublié dans mes poches. Je fouille. Rien. Et là je pense à mes pure fuckin' badges, sur mon blouson. Je l'enlève, et le fais passer avec ma ceinture sous le portique vidéo à rayon x. Et je repasse sous le grand portique. Silence. Ouf !
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